Un peu plus loin de Cassagne (48 km), mais valant
le détour se dresse Saint-Bertrand-de-Comminges.
Saint-Bertrand-de-Comminges, halte sur le Chemin
de Saint-Jacques-de-Compostelle
Si quatre grands chemins traversent la France,
une multitude de variantes, nées de la curiosité comme
des besoins spirituels et matériels des pèlerins, virent
le jour au fil des siècles : ainsi naquit le chemin du Piémont,
variante du chemin d’Arles .
Des pèlerins attirés par la renommée de Saint-Lizier
ou de Saint-Bertrand, quittaient ainsi la voie d’Arles pour rejoindre
ces deux villes où ils étaient vénérés
en passant par Castelnaudary, Mirepoix et Foix . D’autres, qui étaient
allés se recueillir jusqu’au tombeau de Saturnin - Sernin - le
premier évêque de Toulouse , s’éloignaient de la
route d’Auch pour rejoindre Saint-Bertrand par la vallée de la
Garonne.
Certains, découvrant la vie de Saint-Bertrand à l’Isle-Jourdain,
sa ville natale, se rendaient à la ville épiscopale du
Comminges en passant par les coteaux de Gascogne. Après avoir
fait ses dévotions au tombeau de Saint-Bertrand, le pèlerin
suivait la route du piémont pyrénéen en guettant
un col exempt d’intempéries pour passer en Espagne ou se contentait
de rejoindre Sainte-Christine et le Somport, ou Ronceveaux, l’abbaye
de l’Escaladieu et les diverses communautés religieuses du piémont
lui offrant alors un accueil spirituel et matériel non négligeable.
L’UNESCO vient de reconnaître l’authenticité du passé
jacquaire retracé ici à grands traits en retenant la Cathédrale
de Saint-Bertrand, la Chapelle Saint-Julien-du-Plan, la Basilique paléochrétienne
et la Basilique Saint-Just-de-Valcabrère parmi les soixante-neuf
monuments ou sites inscrits au titre des Chemins de Saint-Jacques en
France au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
La Cathédrale Sainte-Marie
Un peu d’histoire...
D’abord appelée Lugdunum Convenarum
et fondée par Pompée en 72 av. J-C, la cité de
Saint-Bertrand-de-Comminges accumule sous les murs de sa cathédrale
plus de 2000 ans d’histoire. La vaste et prospère ville antique,
dont de nombreux vestiges restent visibles, accueille une communauté
et une église paléo-chrétienne aux environs de
l’an 250.
Assiégée et ravagée en 507 par les Wisigoths, la
cité prit un nouvel élan cinq siècles plus tard
grâce à un jeune et dynamique évêque, Bertrand
de l’Isle-Jourdain. Canonisé vers 1218, il favorisa durant toute
sa vie les échanges et la paix, et laissa derrière lui
une cité épiscopale active, établie autour d’une
nouvelle cathédrale romane mais débordant largement de
ses remparts.
En 1307, un nouvel évêque, Bertrand de Got demanda la destruction
de l’édifice roman pour y substituer l’actuelle cathédrale
gothique et favoriser les pèlerinages.
Trésors romans
De la cathédrale romane de Saint-Bertrand,
ont donc été détruits le chœur et une partie de
l’immense nef. Seuls demeurent le tympan du clocher-porte et la travée
occidentale du cloître suspendu. Ouvert sur un doux paysage de
bois et de champs, cet ensemble est l’unique cloître roman du
Comminges. Sa pièce la plus célèbre est le pilier
des Évangélistes, retaillé dans une colonne romaine,
et qui représente les quatre saints dos à dos.
Les chapiteaux sculptés de cette travée évoquent
Adam et Eve, Caïn jetant la pierre à son frère Abel,
le sacrifice d’Abraham, mais aussi des dragons ailés menaçant
une femme, le calendrier des saisons et les thèmes du zodiaque,
des chevaux harnachés et leurs écuyers... L’ambiance ainsi
créée devant inciter à la prière et au recueillement
de chanoines parfois quelque peu éloignés de l’humilité
chrétienne...
Basilique de Saint-Just-de-Valcabrère
Un peu d'histoire...
Son isolement au milieu des champs, les cyprès
qui l’environnent, les lignes sévères de son clocher carré
adoucies par les collines du Comminges et ses toits de tuiles, donnent
à la splendide basilique de Saint-Just-de-Valcabrère un
air d’église toscane. Située en contrebas de la cathédrale-forteresse
de Saint-Bertrand-de-Comminges, elle se dresse sur ce qui fut probablement
la nécropole de la cité romaine, puis un cimetière
paléo-chrétien. En témoignent les nombreux réemplois
de pierres funéraires (masque, sarcophages,...) dans sa construction.
Pourtant l’histoire de l’édifice n’est pas connue avec précision.
Une seule certitude : la date de la consécration de l’autel,
1200, inscrite sur un parchemin scellé. Il indique que la basilique
fut dédiée aux saints Just, Pasteur, Etienne et à
sainte Hélène.
Trésors romans
Saint-Just présente un plan de trois
nefs, de taille monumentale : 29 m de long, 14 m de large, une hauteur
sous voûte de 12,60 m ! Quatre statues représentant les
saints titulaires et leur martyre (décapitation, lapidation,...)
encadrent l’entrée. Le tympan qui les surmonte s’inscrit dans
le rayonnement de la sculpture toulousaine du XIe siècle, et
notamment des œuvres réalisées pour la Basilique Saint-Sernin
de Toulouse. Il est orné d’un Christ trônant et bénissant,
séparé du monde terrestre par une mandorle. A ses côtés
les quatre évangélistes, tenant leur symbole respectif
: Mathieu l’ange, Marc le lion, Luc le bœuf, et Jean l’aigle.
L’intérieur de la basilique est aussi sobre que ses extérieurs.
L’abside centrale, voûtée en cul-de-four , abrite le tombeau
de Saint-Just et Saint-Pasteur. Derrière l’autel un étroit
passage permettait aux pèlerins de venir prier sous le sarcophage...
et la protection directe des deux saints.
Festival du Comminges
L’idée du Festival du Comminges est née
d’une rencontre à Saint-Bertrand avec André Malraux, alors
Ministre des Affaires Culturelles. Créé en 1975, il s’est
développé au rythme de ses succès autour de l’orgue
historique de la cathédrale et s’est progressivement ouvert à
toutes les formes de musique.
Classé parmi les toutes premières manifestations d’intérêt
national, le Festival du Comminges a obtenu de nombreuses distinctions.
Après ces années au cours desquelles il s’est étendu
et renforcé, reconnu d’utilité publique, le Festival du
Comminges est aujourd’hui une institution.
Liens internet
Site de la Cathédrale : www.cathedrale-saint-bertrand.org
Site sur Saint-Bertrand : www.ac-toulouse.fr/histgeo/monog/stbertr
Site du Festival : www.festival-du-comminges.com